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Happy Together

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les avis de Cinemasie

13 critiques: 4.37/5

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59 critiques: 3.78/5



Xavier Chanoine 4 Le beau film d'un cinéaste concerné
Tenebres83 4.5
Sonatine 5 Wong Kar Wai à son apogée
Ryoga 3
Ordell Robbie 5 Le Bonheur
MLF 4
Marc G. 4.75 Le meilleur WKW
jeffy 4.5 un film reussi
Ghost Dog 5 La fin de la trilogie désormais culte du génial Wong Kar-Wai. Un film bilan, to...
François 3 Un duo de rêve pour un très bon Wong Kar Wai, mais qui ne rivalise pas avec Fal...
drélium 5 La passion au format magistral
Aurélien 4.5
Anel 4.5
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Le beau film d'un cinéaste concerné

Dernier opus d'un Wong Kar-Wai adepte de la caméra sur épaule, Happy Together pourrait s'apparenter à une lettre d'adieu au genre rebelle et aventurier si prisé par le cinéaste. Ce joli film, récompensé pour sa mise en scène à Cannes en 1997 puise ses inspirations dans ce qui a déjà été fait auparavant par son propre cinéaste. Il y a du Nos Années Sauvages pour son cadre d'une pauvreté effarante et sa chaleur ambiante rappelant les nombreuses séquences dans les baraques aux volets fermés, et du Fallen angels pour sa mise en scène délirante et ses virées nocturnes aléatoires. Saluons la performance de très haut standing de la part de Leslie Cheung et Tony Leung, tous deux impeccables dans des rôles plutôt difficiles. Saluons aussi la photo de Doyle, impressionnante, illuminant une quantité de détails assez sidérante notamment dans le trou où crèchent nos deux héros. Une photo très variée avec un ensemble de teintes grises et sépia, illustrant le parcours chaotique du couple à travers Buenos Aires. Préférez le chef d'oeuvre Chungking Express et le chef d'oeuvre absolu Fallen angels pour la période 90' de ce génial cinéaste, mais cet Happy Together vaut son pesant d'or pour son style ravageur et le regard du cinéaste qui y est porté.



07 février 2007
par Xavier Chanoine




Le Bonheur

Happy Together, c'est Wong Kar Wai à son sommet, un film tout entier incarnation de la maîtrise de la technique cinématographique que de ce que peut exprimer le médium cinéma, cette dimension humaine sans laquelle un film n'est pas un chef d'oeuvre. Déjà, Wong Kar Wai pousse ici sa virtuosité formelle à des sommets qui n'ont rien à envier à un Scorsese ou à un Kalatozov à leur meilleur: usage du noir et blanc pour bien délimiter émotionnellement ou temporellement certaines séquences, caméra à l'épaule discrète, usage des ralentis ou des accélérations brusques pour coller au plus près aux émotions des personnages ou dans le second cas pour faire ressentir l'accélération de la vie urbaine de Hong Kong et Buenos Aires, des arrêts sur image immortalisant un court instant qui n'ont rien à envier au Truffaut de Jules et Jim, la belle dureté frontale de la première scène d'amour, les superbes plans des chutes d'Igazu. Et quel besoin de scénario construit quand un film est capable de porter le spectateur par son seul style, style qui ne sombre jamais dans l'épate et n'exclut pas un regard de cinéaste en totale communion avec ses personnages? Ce serait interdire au cinéma la modernité à laquelle à pu accéder la littérature au cours du vingtième siècle (essayez de trouver un récit construit dans la trilogie célinienne sur la Seconde Guerre Mondiale ou dans certains romans de Claude Simon... Pourtant personne ne nie leur statut de classique...). La diversité des émotions exprimées est remarquable: vertige de l'amour, durée, balancier entre ennui du couple et solitude encore pire que cet ennui, folie du Hong Kong à l'approche de la rétrocession quand le temps s'accélère.

Wong Kar Wai n'a jamais aussi bien filmé le glamour d'un Tony Leung ou d'un Leslie Cheung qui tiennent leur clopes en roulant des mécaniques avec une prestance digne des stars hollywoodiennes des années 30/40, les instants de romantisme à l'arrière de taxis, ces horloges, ces montres, ces petites lampes qui rythment la passion amoureuse; la photographie de Christopher Doyle porte par ses chromes les émotions des personnages. Mais c'est sans compter une musique qui est un véritable personnage du film: le tango métaphore transparente de la difficulté des personnages dans la danse à deux la plus dure, celle de l'amour, et comme élément donnant la la du rythme émotionnel du film, les sublimes riffs jazz rock de Franck Zappa qui par leur mélange de sens de la durée et d'ivresse sont un des moteurs du film, un morceau de Cataleano Veloso en version cordes sur le premier plan des chutes d'Igazu que l'on retrouvera dans cet autre classique dépeignant avec maestria la psyché masculine qu'est Parle Avec Elle et enfin la belle insouciance pop du morceau-titre des Turtles. Et puis toutes ces scènes que l'on oubliera jamais, qui ont suscité bien des passions pour le cinéma de Hong Kong: les chutes d'Igazu, les passages de tango, la scène du match de foot, le moment où Tony Leung n'arrive à enregistrer sur magnétophone que sa propre tristesse plutôt que des mots, le retour de Leslie Cheung amoché, les scènes où les anciens amants ont peur de se croiser, l'intensité des moments de dispute du couple, l'annonce de la mort de Deng Xiaoping, l'agitation nocturne la même dans chaque hémisphère, la solitude des êtres qui ont aimé avec passion la même qu'on soit en Asie ou en Amérique du Sud. Happy Together est un film qui a voulu oser, oser un film sur l'homosexualité parce que la rétrocession approchait et que cela risquait de ne plus être possible ensuite et oser toutes les audaces visuelles sans sombrer dans l'épate comme dans certains passages de Fallen Angels, oser être animé d'une urgence qui permet à ses acteurs de se transcender.

A l'instar d'un The Blade ou d'un The Killer, Happy Together est de ces films absoluments parfaits, de ceux qui rappellent pourquoi Hong Kong a pu compter tellement sur la mappemonde cinéphile.

Un grand merci à Paris Cinéma.



20 octobre 2003
par Ordell Robbie




un film reussi

Une histoire simple mais filmée par WKF ça prend une tout autre allure, les images arrivent à soutenir l'évolution psychologique des personnages. La maitrise de WKF stylistique est tellement evidente qu'à certains moments elle pourrait passer pour pour une démonstration formelle détachée de son support. Heureusement les interprétations tout en sensibilité de Tony Leung et de Leslie Cheung nous ancrent dans cette histoire d'amour agonisante.

07 juillet 2003
par jeffy




La fin de la trilogie désormais culte du génial Wong Kar-Wai. Un film bilan, tourné à l'autre bout du monde, en Argentine.

La scène d'amour entre Lai Yiu-Fai (Tony Leung Chiu-Wai) et Ho Po-Wing (Leslie Cheung).
Les chutes circulaires d'Igaçu, en Argentine.
Le bar-tango à Buenos Aires.
Le moment où Po-Wing se retourne dans le taxi pour voir si Fai le regarde.
La nuit qui tombe en accéléré sur Buenos Aires.
La chambre délabrée des deux amants.
La partie de foot au coucher du soleil.
Le spleen de Fai sur les eaux du port.
L'art d'allumer une cigarette.
Les chansons ambigues "I've been in you" et "Happy Together"
Les pas de tango dans la cuisine carrelée de l'appartement.
La scène où Po-Wing pose sa tête sur l'épaule de Fai dans le taxi.
La phrase "on voit mieux avec les oreilles"
La question "et si on repartait à zéro?"
Hong-Kong la tête en bas.
Taipei vu du métro.

Happy Together est un film qui ne se raconte pas, il se ressent. Il fait appel aux sentiments, aux sensations, aux souvenirs. Il éveillera chez chacun une sensibilité différente selon ce qu'il a déjà vécu.

Happy Together , c'est comme les chutes d'Igaçu: on peut le voir seul, mais on ne pourra s'empêcher de regretter que celui ou celle qu'on aime ne soit pas dans nos bras pour partager ce moment intense.

Happy Together a un lien direct avec la rétrocession de Hong-Kong à la Chine: comme si on avait besoin de s'exiler à l'autre bout du monde pour faire le point, et être capable de repartir à zéro.

Happy Together est plus mature que les deux précédents films de la trilogie. Il est aussi plus pessimiste, plus romantique, et peut-être aussi réservé à des cinéphiles plus exigeants.

Happy Together est à ma connaissance le seul film qui ne traite de l'homosexualité ni sous une forme comique, ni sous le point de vue critique des hétéros, ni sous une forme moraliste prônant le droit à la différence. Fai et Po-Wing sont gays, point barre. Le jugement des autres n'intéresse pas WKW.

Happy Together est le premier film de Hong-Kong à avoir obtenu un prix au Festival de Cannes et non des moindres: le prix de la mise en scène, récompensant le travail extraordinaire de WKW et de son chef-op attitré, l'australien Chris Doyle.

Happy Together rentre directement dans le top 5 de mes films préférés, tous pays confondus.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Un duo de rêve pour un très bon Wong Kar Wai, mais qui ne rivalise pas avec Fallen Angels et Chungking Express

Si vous aimez les réalisations originales, vous allez être servi... Certainement encore plus si vous ne connaissez pas encore Wong Kar-Wai. Ses histoires, sa façon de filmer, de diriger les acteurs est tellement différentes des conventions qu'il faut le voir pour comprendre.

Happy Together rejoint un peu le thème central de ses deux précédents films: les histoires d'amour, mises à mal par les petits tracas de la vie monotone que mènent ses personnages. Pour une fois, il s'éloigne de Hong-Kong, qui était pourtant un personnage à part entière dans ses films. Mais l'importance de la ville se fait tout de même ressentir. Le tout est magnifiquement monté en musique, comme à son habitude. L'utilisation de la musique a selon moi moins d'importance que dans Chungking Express etLes Anges Déchus, car dans ces deux films, certains morceaux font partie intégrante de l'histoire. C'est moins vrai ici, mais la musique garde une part importante. Ecoutez l'extrait présenté en bas de page, et vous goûterez à l'ambiance du film. Triste, envoûtant. La musique trotte dans la tête, le film aussi.

Concernant le filmé, l'utilisation importante de filtres de couleurs donne une texture à chaque scène, et garde la ligne directrice de la patte WKW: un peu tout et n'importe quoi, tant que cela colle à la scène. L'interprétation nous permet de découvrir des stars comme Tony et Leslie sous un autre jour. Bien que j'ai une préfèrence pour Tony Leung, je pense pouvoir affirmer sans favoristisme qu'il tient la dragée haute à Leslie Cheung, et la balance de la présence à l'écran penche d'ailleurs de son côté.

Au final, c'est définitivement un autre cinéma, si loin et pourtant si proche de Hong-Kong. Ce n'est pas mon Wong Kar-Wai préféré, je préfère Chungking Express, car celui-ci est moins triste et mieux construit. Là où le chaos de Chungking était un avantage, il se trouve ici être plus déroutant.



22 octobre 2000
par François




La passion au format magistral

Que dire de plus sur ce chef d’œuvre aussi puissant, remuant et captivant que les chutes d’Iguaçu, véritable aboutissement du cinéma de Wong Kar Wai, décidément le plus européen des réalisateurs HK. Happy together réunit toute la force brute des relations amoureuses de Nos Années sauvages en y ajoutant le style graphique hyper travaillé et la mise en scène, véritable être vivant à part, de sa trilogie 90’s. Le confinement de In the Mood for Love, l’unité de Nos Années sauvages, la noirceur des Anges déchus et la légèreté, la liberté de Chungking Express se retrouvent au service de deux êtres tiraillés perdus au bout du monde, interprétés par un duo renversant de justesse et de puissance émotionnelle. Tony Leung et Leslie Cheung, si distincts et irrémédiablement attirés, se sortent les tripes comme jamais, le tout entre quatre murs et une poignée d’objets qui semblent animés d’une vie propre. Tout comme la caméra, tantôt apaisée, tantôt survoltée, toujours remuante, rebelle indépendante parfaitement maîtrisée par le maître des lieux, la passion des Hommes est confinée pour mieux exploser au visage du spectateur. Que de moments forts dans ce film.

Leslie pour toujoursDe la musique, de Astor Piazzolla à Frank Zappa en passant par le Cucurrucucu Paloma de Caetano Veloso, la bande originale en parfaite harmonie avec l’ambiance est autrement plus profonde et percutante que les quelques titres à répétition de Chungking Express. Des acteurs bien entendu, en passant par la mise en scène et les couleurs, singulières et distinctes pour chaque plan, les décors tout aussi vivants que le reste (on croirait vraiment que les murs et autres portes vivent), ce drame romantique est affaire de grande passion pour tous ceux qui y ont participé, et se termine dans la vibrante mélancolie du retour au pays, là où le voyage se termine mais où le souvenir perdure à jamais.

A mon tour, je vous invite à lire la critique de Ghost dog résumant parfaitement les sensations mis en exergue, tout particulièrement cette phrase : "c'est comme les chutes d'Igaçu: on peut le voir seul, mais on ne pourra s'empêcher de regretter que celui ou celle qu'on aime ne soit pas dans nos bras pour partager ce moment intense.

15 février 2005
par drélium


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